La Bible dans tous ses états

Publié le par Albert Dugas

 
Par Jean-Pierre Prévost
Un de mes collègues et amis, fin connaisseur de la Bible, aime dire à propos de ses passages bibliques préférés : "Cette fois-là, le Saint-Esprit était vraiment inspiré!" Je crois que ce n’est pas faire injure à la Bible ni au Saint-Esprit que de reconnaître que certains livres et certains passages sont, à tout le moins, plus inspirants que d’autres,. On aime mieux entendre " Dieu est amour" que "Le seigneur est guerrier", "Venez, les bénis de mon père" que "Allez-vous en loin de moi, maudits , au feu éternel!, ou encore "e seigneur est mon berger, je ne manque de rien (Psaume22) que "Mon Dieu , mon Dieu , pourquoi m’as-tu abandonné?
(Psaume 21) . Il n’y a pas de mal non plus à avouer qu’on préfère lire l’Exode de Isaïe plutôt que le Lévitique et les nombres, les évangiles plutôt que livre des juges ou des Maccabées, et le Cantique des cantique plutôt qu’un psaume de lamentation.
Le choix n’est pas trop difficile dans ces cas-là. Par contre quand on se met à parcourir l’ensemble de la Bible et à passer d’un livre à l’autre, on reste souvent perplexe devant la diversité des points de vue qui y sont représentés. Qui faut-il croire dans ces cas-là et peut-on réconcilier tous ces points de vue.
Par exemple, pour ce qui est de l’Ancien Testament, comment peut-on réconcilier le " Dieu vit que cela était bon " du premier chapitre de la Genèse avec le "Tout est vanité et poursuite de vent" de Qohéleth?
Faut-il voir la sexualité humaine à la lumière des interdits du Lévitique ou avec le regard admiratif du Cantique ?.
Le Dieu de la Bible est-il vraiment "lent à la colère, riche en miséricorde " ou plutôt juge impitoyable qui poursuit les fils pour les fautes commises par leurs pères? Faut-il choisir entre les promesses de paix énoncées par Isaïe ou l’éloge des guerres menées par Moïse , Josué , les juges et David?
 
Le Nouveau Testament regorge de pages sublimes qui illustrent la Bonne Nouvelle de Jésus-Christ : les béatitudes et le sermon sur la montagne, les paraboles du bon Samaritain de la Cananéenne, le pardon accordé à la femme adultère , la rencontre Emmaüs, et j’en passe. Mais n’empêche, même là, il y a des pages qui suscitent, c’est le cas de le dire, certains "grincements de dents" : la parabole des vignerons homicides et celle des invités au festin qui se termine par le redoutable "Il y a beaucoup d’appelés, mais peu d’élus" ou encore l’épisode ou les disciples veulent faire descendre le feu du ciel sur les villages qui ne les ont pas accueillis.
 
Si nous voulons vraiment faire honneur à la Bible, je crois qu’il nous faut poser ces questions … et ne pas présumer trop vite des réponses. Ce que j’aime justement de la Bible, c’est qu’on n’a pas affaire à un discours unique et figé une fois pour toutes.
Les auteurs s’inspirent les uns des autres, oui, mais sans jamais demeurer prisonniers des discours de leurs prédécesseurs. La Bible dialogue avec la Bible et ne peut devenir parole de Dieu pour nous aujourd’hui que si nous entrons, à notre tour, en dialogue avec elle.
 

Publié dans a-livre-ouvert

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