La sexualité

Publié le par Albert Dugas

(Tiré de: Pensées pour les jours ordinaires de Placide Gaboury)
 
Tout en nous est fait pour réaliser une harmonie avec tout le reste. On tend à être uni avec ce qui nous attire et on tend à repousser ce qui empêche cette union. Notre être semble incomplet, comme un appareil électrique qui a besoin d’être branché pour être en opération, pour avoir du sens. Nos poumons ont besoin d’air, notre peau a besoin de soleil, nos cellules ont besoin d’eau et de nourriture, nos muscles ont besoin d’exercice, notre cerveau a besoin de connaissance, nos yeux, de couleurs et de formes, notre nez, notre langue, nos oreilles, d’odeurs, de saveurs et de sons. Enfin, nos mains ont besoin de toucher - et pas seulement les mains, le corps tout entier.
 
Complémentarité des sexes
Nos sexes ont besoin de rencontrer leurs complémentarités. Nous ne sommes pas complet dans nos individus. Nos corps nous séparent. (Même si les amants couchent ensemble, ils dorment seuls.) Et parce que nos corps nous séparent nous tendons à nous rassembler, nous avons besoin des autres pour être complets.
 
La sexualité n’est pas génitalité
Seule la sexualité unit, non le contact génital, où il n’y a que contact, jamais union. La sexualité, c’est l’attrait pour tout ce qui complète notre être – la beauté, la sensualité, les formes, les corps, les esprits, le choc des idées, la fête des sens et de l’âme. C’est tout notre être qui est attiré par ce qui nous paraît beau et bon. La sexualité, c’est la capacité de communication infinie qui sommeille en nous.
Par la sexualité nous sommes branchés sur l’infini, l’absolu, le vaste monde des possibilités. Notre être est un état de soif incessante et inextinguible. Nous ne serons jamais satisfaits par les seuls contacts physiques, par l’accumulation des objets ou des êtres. Le contact, la fusion physique n’est qu’un allumage, une indication, une direction -- un point de départ. L’acte sexuel est comme une île : il ne prend son sens que par la mer qui l’entoure.
 
La beauté du corps renvoie à la beauté de la conscience.
Nous trouvons belles les formes parce que nous sommes beauté. Nous nous reconnaissons dans la beauté des choses. C’est la Conscience qui perçoit la beauté (pas le corps), puisque seule elle peut créer et concevoir l’ordre l’harmonie et les relations pleines de sens entre les choses et les parties de choses. La sexualité renvoie à la Conscience, alors que la génitalité renvoie au corps, manifestation de la Conscience.
 
Nous sommes faits, à la fois de réceptivité et d’activité.
On a besoin des deux pour être complet et créateur. La réceptivité profonde et intérieure doit chez le mâle être développée pour qu’il n’ait plus besoin de retrouver cette même réalité chez la femme. Et de même, la femme doit développer sa capacité d’action extérieure pour n’avoir plus besoin de quêter chez le mâle cette même capacité. Pour dépasser la relation de dépendance, la relation dominant/dominé.
La sexualité exercée par une personne qui n’a pas intégré ces deux principes complémentaires, est faussée : elle cherchera à l’extérieur son bien , elle cherchera a être valorisée par l’autre, au lieu de l’être en elle-même. Elle a encore besoin de béquille, de confirmation.
La sexualité qui exprime l’amour plutôt que la possessivité, n’est possible que s’il y a intégration intérieure et amour de soi, suffisamment pour n’avoir plus besoin de complément extérieur. On cesse d’être une chose toujours en quête de son complément, de ce qui complète. Une fois que l’on est complet, on peut enfin se donner. Seule l’autonomie permet l’amour. Le besoin une fois dépassé ou apaisé par la complète acceptation de soi , l’autre alors est reçu comme un don. Et celui qui reçoit le don ne songe plus à le retenir. C’est une circulation de dons, un échange libre dans la tendresse, dans l’amitié tendre et chaleureuse. La sexualité alors libère chacun au lieu d’emprisonner dans une insatisfaction exaspérée - le niveau de la génitalité.

Publié dans Sc. humaines

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