Au service de la vie.

Publié le par Albert Dugas

Tiré de : Une Église en automne, Paul Tremblay
 
Au service de la vie
 
L’Église se présente souvent comme la servante de l’humanité, à l’instar de son maître qui s’est fait le Serviteur. C’est sa mission première, qu’elle ne cesse de se rappeler à elle-même.
 
L’Église catholique donne encore trop souvent l’image d’une Église distante, soucieuse de ses structures, enfermée dans ses dogmes et ses rituels anciens ou archaïques, close dans son discours sans cesse répété. Elle apparaît souvent comme en marge, au dessus de ce monde. Église enseignante, face à un monde qui ne reçoit plus les discours normatifs.
 
Comme on souhaiterait qu’elle devienne de manière plus nette la servante de la vie, infiniment! Au-delà des pouvoirs anciens, des discours usés, des pratiques figées. C’est à cela qu’elle pourrait être menée par l’automne qui la dépouille. Elle devient, elle deviendra plus « évangélique » dans la mesure où, s’oubliant elle-même, dans le plus total désintéressement, elle se fera servante de la vie. Parce que certaine que son Dieu est le Dieu de la vie. Qu’il n’habite pas loin, au-delà des mers, dans quelque superstructure religieuse – il habite au cœur du monde. Que sa Parole ne vient ni de loin ni d’en haut.
 
Il n’existe pas d’univers religieux quelque part, dans quelque ciel au-dessus de nos têtes ou dans quelque église ou basilique particulière. Devenir religieux, ce n’est pas entrer dans une sorte de bulle spirituelle en marge de la vie réelle. Dans une cage de mots et de pratiques soi-disant religieux. Le seul véritable objectif à atteindre, ce n’est pas de devenir religieux, mais de devenir humain, pleinement humain. Comment choisir entre la vie et la mort? Comment vivre? Quelle vie est la mienne? Est-elle pleine ou vide? Qu’est-ce qui me fait vivre? Comment, à travers les joies et les drames de ma vie, découvrir la part du mystère qui m’habite? Jésus n’est pas venu apporter une religion de plus, il est venu pour « qu’on vive, qu’on ait la vien en abondance » (Jn 10,10). C’est bien dommage, constatait Maurice Zundel, que, « si souvent, la religion s’est réduite à un ensemble de rites, d’exclusivismes étroits, parce que l’on ne l’a pas comprise comme l’ouverture à la vie ».
 
 
 
Dès lors, pour l’Église, la question devient : comment se faire ministre, sacrement, donneuse de vie? Il ne s’agit plus de servir une institution, mais de servir la vie des gens. Non pas de chercher à survivre comme institution, mais d’aider les gens à vivre.
 
Aujourd’hui, nous sommes face à deux sortes de croyants :  il y a ceux et celles qui cherchent avant tout à satisfaire aux croyances et aux pratiques établies de leur religion; et il y a ceux et celles qui cherchent avant tout ce qui est nourrissant et inspirant pour leur vie. Cette deuxième catégorie est en forte croissance. De plus en plus de croyants délaissent le culte refermé sur lui-même, sans lien senti avec leur vie quotidienne et la vie du monde. Le malaise devient évident et insupportable quand, lors d’un événement marquant – un accident, un décès, une fête - , la célébration religieuse se déroule « au-dessus de nos têtes », dans un « ailleurs soi-disant religieux », sans qu’on sente l’écho des joies et des peines de l’existence, selon un rituel figé depuis des siècles, dans quelque monde lumineux insaisissable.
 
Voici les questions que l’on pourrait se poser à partir de ce texte.
 
Dans ce contexte, quelles sont les tâches qui s’imposent à cette Église contestée, dépouillée et affaiblie comme forêt en automne?
 
Comment l’Évangile qu’elle porte peut-il résonner encore aux oreilles du monde occidental?
Quels sont les chances et les défis de ce temps?
Quels sont les changements qui s’imposent à elle? 
À quelle révision est-elle convoquée?
AD/pv
 

Publié dans Église

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article